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Le Dernier Samaritain (1991) – Critique

Acteurs du dernier Samaritain (1991)

Le Dernier Samaritain – Point de départ

Joe Hallenbeck est une loque. Totalement alcoolique, puant la mort, il n’inspire que dégoût pour ses proches et lui-même. Ancien membre des services secrets, il est devenu détective privé. Pourquoi cette reconversion ? Il a refusé de transiger sur ces valeurs. Mike Matthews, son meilleur ami, lui propose une mission. Il s’agit de protéger une strip-teaseuse du nom de Cory qui reçoit des menaces régulières. Rien de bien excitant, mais pour 500 dollars, Joe ne va pas faire la fine bouche. Les choses vont se compliquer un tantinet quand il découvre que son pote Mike couche avec sa femme. C’est fâcheux. C’est encore plus fâcheux quand la voiture de Mike explose avec celui-ci. Dans quel merdier s’était-il fourré ?

Affiche du dernier Samaritain (1991)

Le Dernier Samaritain – Critique

La toute première scène montre la tonalité du film. Ça démarre par un long spot publicitaire vantant les mérites de la NFL, la National Football League. C’est coloré, enjoué, plein de strass et de paillettes… Puis on passe sur un vrai match. La pluie est torrentielle. Il n’y a que 40 000 personnes dans le stade. Les audiences sont en baisse. Un joueur surdopé décide de flinguer un adversaire sur le terrain. Le tableau est dressé. Avec cette volonté de soulever le rideau des apparences, de déchirer le beau poste de l’American Way of Life, Le dernier samaritain s’inscrit dans le registre du film noir.

Pourtant avec Bruce Willis dans le rôle principal et Tony Scott à la réalisation, on peut s’attendre à de l’action badass. De l’action, il y en a, il y en a même beaucoup. Le Dernier Samaritain est dans son essence un film noir, car reprenant différents archétypes de ce genre policier comme le détective privé, des personnages écorchés vifs en quête de rédemption, une sourde mélancolie (il y a même du désespoir) glissant sur chaque plan, un portrait des élites de l’Amérique bien loin des biographies officielles…Mais la réalisation de Tony Scott, et surtout la production de Joel Silver, assortit cette noirceur de scènes explosives dans le pur style du film d’action de ces années-là. Se rajoutent à cela des dialogues percutants, des punchlines qui filent à toute berzingue, faisant rire le spectateur.

Action, film noir, comédie… Tous ces genres pourraient donner un film sans direction, morcelé voire inachevé. Il n’en est rien. L’équilibre entre ces différents registres est très bien respecté. Mis à part la toute fin voulue par Joel Silver et qui est presque grotesque, l’ensemble est d’une excellente cohérence. Cette cohérence prend appui sur un scénario de Shane Black, l’homme qui a popularisé le buddy movie et l’a porté au pinacle. Scénariste de L’Arme fatale (1987), il écrit après cet immense succès commercial un scénario qu’il intitulera Die Hard. Le présentant à Joel Silver, celui-ci lui achètera tout d’abord le titre ! Qu’il utilisera ensuite pour l’immense film de John McTiernan. À l’origine le scénario, vendu plus d’un million de dollars à la Warner, était bien plus dur. Il n’était pas question de football américain, mais du sénateur Calvin Baynard, ennemi juré de Joe Hallenbeck, et de son fils caché, pédophile notoire, grand méchant suprême. Une telle radicalité a fait peur à la Warner qui a demandé à Shane Black de réécrire son script. La patte de Shane Black se reconnaît, entre autres, dans ses dialogues qui sont très rythmés, drôles et dont certains passages sont rentrés dans la postérité.

Bruce Willis dans Le dernier Samaritain (1991)

On peut finalement voir Le Dernier Samaritain de deux façons. Soit comme un film noir bardé de scènes d’action jouissives et de dialogues bien sentis ou comme la dégénérescence picturale d’un genre. En le regardant pour la première fois, j’étais totalement en phase avec la première vision. En le visionnant une seconde fois, je trouve que certaines scènes sont trop boursouflées. Non pas qu’elles soient mal réalisées. Non, il ne s’agit pas de cela. Tony Scott est un réalisateur qui maîtrise parfaitement le cadre, le déplacement des acteurs, le montage. C’est un excellent réalisateur. Mais certaines scènes provocantes, violentes annoncent ce que je vais détester plus tard chez Tarantino en particulier : la complaisance vis-à-vis du sexe et surtout du sang. Les références classiques sont bien là, mais ce qui en ressort pose question. Est-on dans l’hommage couillu ou le début de la fin ? J’avoue que mes sentiments sont mitigés et inconstants à cet égard. Un troisième visionnage s’impose alors, pour me faire une idée plus sûre. Et peut-être, qu’un des prochains films à voir sera True Romance de Tony Scott, sur un scénario cette fois-ci de Tarantino, qui, lorsque je l’avais vu pour la première fois, m’avait mis mal à l’aise devant cette violence gratuite sans fondement moral. À voir si cette impression perdure. Nonobstant, aux amateurs de ciné viril des années 90 qui n’auraient pas vu Le Dernier Samaritain, foncez le voir, vous ne serez pas déçu du voyage ! On a ce qui se fait mieux dans le genre. Dernière remarque, la VF est particulièrement réussie !

Le Dernier Samaritain (1991) de Tony Scott avec Bruce Willis, Damon Wayans, Noble Willingham, Chelsea Field, Danielle Harris…

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