Le Clan des Siciliens (1962) – Point de départ
Paris, quai des orfèvres. La capitale vit de beaux jours d’été. Des malfrats sortent d’un fourgon. Malgré leurs casiers judiciaires d’envergure considérable, ils sont tous en cravate. Autre temps, autres mœurs vestimentaires. Parmi cette brochette de canailles, Roger Sartet (Alain Delon). Une gueule d’ange, mais une âme de démon. Un voleur de bijoux chevronné prêt à tous les risques. Il a déjà tué des flics. Le commissaire le Goff le veut au bout d’une corde.

Le Clan des Siciliens (1962) – Critique
Attention, certains éléments de l’histoire sont ici révélés !
Le Clan des Siciliens est surtout connu, en premier lieu pour deux choses : son trio Gabin-Ventura-Delon et la musique d’Ennio Morricone. Mais c’est aussi un excellent polar, un des meilleurs des années 1960-1970.
Comme tout grand film, il faut un scénario solide, une réalisation efficace, un casting impeccable et une bande-son à la hauteur. Ici, le cahier des charges est plus que rempli. Pas une fausse note. Le scénario adapté d’un roman d’Auguste Le Breton (Du rififi chez les hommes, Razzia sur la chnouf…) est signé José Giovanni, auteur lui aussi de romans policiers à succès, lui l’ancien malfrat et tout jeune réalisateur. L’intrigue est d’excellente facture, alternant action et scènes dialoguées tendues, avec cette galerie de personnages bien dessinés et surtout ce trio aux caractères antagonistes : le patriarche mafieux à la poigne de fer, le jeune loup écorché vif et le commissaire obsédé. Pour cela il fallait des acteurs impeccables : ce fut chose faite. Les plus en vue de l’époque (avec Belmondo). L’unique fois où ils seront réunis à l’écran. Gabin fait du Gabin, parfait dans son rôle patriarche mafieux. Delon est le jeune loup écorché vif en révolte contre le monde. Et Ventura ne désire qu’une chose, mettre Delon au trou. C’est lui qui incarne la morale. Tuer du policier, c’est impossible.

Dans ce film, la chute viendra, comme souvent, de la femme. La femme étrangère, celle qui n’est pas sicilienne. La femme soixante-huitarde, à la vertu déclinante et qui tombe sous le charme de Delon. Une étreinte sur le sable chaud, un gamin qui traîne par là, et l’affaire prend l’eau. Les enfants ne mentent jamais sur commande. Elle aurait dû le savoir la bougresse.
Il faut aussi, bien entendu, parler de la musique d’Ennio Morricone. Elle vous rentre dans la tête et n’en sort plus du film. Pas comme une musique de supermarché affligeante, mais comme une respiration oppressante qui vous emmène vers le tragique. Car ne l’oublions pas, nous sommes dans un polar, ça ne peut pas finir bien pour les malfrats. Morricone pour cette composition a voulu rendre hommage au « Prélude et Fugue 543 » de Bach. La bande-son connaîtra un véritable succès. Elle sera même reprise par Dalida sur des paroles de Jean-Loup Dabadie.
Le Clan des Siciliens est donc un film ambitieux, un vrai film de cinéma. La fin inspirera (pour ne pas dire « sera copiée ») par Alexandre Arcady pour Le Grand Pardon (1982). C’est la réunion du talent de trois acteurs formidables, d’un metteur en scène de grande facture et qui malheureusement fut reconnu sur le tard, une musique culte par un compositeur culte : bref trois ingrédients d’excellente qualité pour un classique du film policier qu’on prend plaisir à revoir d’année en année.
Le Clan des Siciliens (1969) réalisé par Henri Verneuil avec Jean Gabin, Alain Delon, Lino Ventura…
Pour ceux qui aiment les bandes-annonces :