Waldo, détective privé – Point de départ
Charlie Waldo est ce qu’on appelle communément un hipster ermite. Il vit retiré dans la forêt, méditant, cultivant son potager et se lavant dans la rivière. Il pratique le style de vie minimaliste tel qu’il est défini dans les magazines bobos : par exemple, il ne possède que 100 objets. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, quand soudain une ténébreuse brune, qui est son ex-femme, débarque dans son univers. On apprend alors que le Charlie Waldo est un ex-flic brillant de Los Angeles qui a tout quitté pour le calme et la solitude. La brune ténébreuse souhaite qu’il revienne au cœur de la ville, en l’occurrence Los Angeles, pour s’occuper d’une affaire épineuse : un célèbre acteur est accusé du meurtre de sa femme.

Waldo, détective privé – Intrigue
Waldo, détective privé est l’adaptation d’un roman de Howard Michael Gould sorti en 2018. Le titre anglais du livre et du film est Last Hooks. Le film met donc en scène cette forme moderne du Dude de The Big Lebowski, écolo et amateur de bicyclette dans une enquête policière qui puise son inspiration dans les polars vénéneux des années 50 et les fameux pulps plus déjantés. On retrouve par là tous les archétypes de ce type de récit : privé solitaire très « ours des cavernes », producteurs mégalos, acteur narcissique et alcoolique, avocat véreux, femme fatale, hommes de main au QI de moule…
Waldo, détective privé – Derrière et devant la caméra
À la réalisation, Tim Kirkby, inconnu du grand public, qui a signé quelques épisodes de séries à succès et dont le dernier remonte à 2018. C’est à croire qu’il a été parachuté sur le film vu le casting qui réunit deux immenses stars : Charlie Hunman et Mel Gibson. Vous l’aurez compris, le premier cité joue Charlie Waldo, et le deuxième joue Alastair Pinch, génial acteur mais complètement ivre du matin jusqu’au soir. L’alchimie entre les deux acteurs peine d’ailleurs à convaincre. La faute probablement à des personnages écrits qui ne sont guère convaincants. On peut sur ce point en vouloir à la production de ne pas mettre en valeur un acteur aussi impressionnant Mel Gibson. Il est très bon, mais il n’est pas servi par son texte. Les autres acteurs déroulent leur partition sans transcendance, dans des situations souvent plus proches de la caricature que de l’hommage.

Waldo, détective privé – Critique
On ne va pas y aller par quatre chemins : Waldo, détective privé est une déception. Non pas que le cinéphile que je suis attendît monts et merveilles de ce long-métrage, mais jamais le film ne se décide à prendre une forte décision narrative et cinématographique. Le pitch de départ peut s’entendre : ce clochard des bois qui repart aux affaires, bon gré mal gré. Le problème d’abord, c’est cette couche écolo hipster qui entoure Charlie Waldo. Il roule à bicyclette, fait de la méditation, est crasseux, on suppose qu’il est végétarien, ne supporte pas la vue d’un trophée de girafe… Bref l’homme citadin moderne amateur de quinoa. Sauf que le garçon en question est censé avoir été un des meilleurs flics de Los Angeles. Et on a du mal à s’en rendre compte. Toute la mythologie des polars noirs des années 40-50 repose sur des personnages, qui pouvaient être certes peu fringants, mais qui se fichaient du politiquement correct. Or il faut constater que le personnage de Charlie Waldo s’inscrit parfaitement dans l’air du temps. On le verrait bien dans le film militer pour la sauvegarde d’une espèce rare de mulot ou manger une salade vegan dans un restaurant autogéré.
D’ailleurs question « politiquement correct », le film est d’un consensuel bien mielleux. On joue sur les clichés du polar, mais on n’arrive pas à se les approprier. C’est là le principal défaut de ce film policier. Comme si le réalisateur ou la production, voulaient mettre absolument une distance entre la source de leur inspiration et l’objet qu’il filme. Cela donne donc un résultat bancal, où l’on suit les péripéties de l’enquête mais sans jamais avoir les tripes plongées dans un univers trouble et fascinant. Or le polar ce n’est que ça : des écorchés vifs broyés dans la matrice sans pitié de la ville. Il n’y a qu’à lire James Ellroy pour s’en rendre compte. Waldo, détective privé refuse cette immersion. Il hésite aussi dans le ton adopté : film à enquête, comédie policière, polar sombre… À vouloir jouer sur plusieurs tableaux, l’ensemble n’est pas consistant et cohérent.
Alors il ne faut pas jeter toute l’eau du bain. Le film n’est pas déplaisant à voir. Si vous avez 1h50 à perdre, vous pouvez vous laisser tenter. Vous l’oublierez d’ici 24 heures et cela ira très bien. La performance d’acteur de Mel Gibson est fort sympathique et nous fait dire qu’Hollywood a bien eu tort de l’avoir ostracisé car il reste d’une présence incroyable à l’écran. La musique, ambiance rock, n’est pas la plus pertinente. Mais il s’agit d’un goût personnel. Le film a cependant le mérite d’avoir beaucoup tourné en extérieur. Pour autant, on a du mal à ressentir le pouls de Los Angeles, comme d’autres polars ont pu aussi bien le faire.
Waldo, détective privé (2021) de Tim Kirkby avec Charlie Hunnam, Mel Gibson, Morena Baccarin, Dominic Monaghan, Rupert Friend…
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