Le film débute par un plan fixe, celui d’une chambre décrépie, nue. Une citation apparaît à l’écran : « il n’y a pas de plus profonde solitude que celle du samouraï si ce n’est celle du tigre dans la jungle, peut-être… ». Elle est tirée du livre des samouraïs, le Bushido. Mais en réalité, elle serait sortie de l’imagination de Melville. On distingue une silhouette allongée sur le lit. La musique de François de Roubaix, génial compositeur et expérimentateur musical, nous hypnotise.

L’histoire est simple. Un tueur à gages, Jef Costello, doit exécuter un contrat. La personne visée est le patron d’une boîte de jazz chic. L’intrigue est linéaire. Peu de rebondissements ni de changements de rythme. Mais une tension croissante, une ambiance pesante. La photo est crépusculaire. Il y a très peu de dialogues. On ne sait rien des personnages. Alain Delon dans le rôle de Jef Costello est mutique, froid et solitaire. Sa seule compagnie est un bouvreuil dans une cage. Ses sentiments nous sont inconnus. Il fascine autour de lui. On devine la fin. Et pourtant on le reverra encore une fois. Et encore. Parce que c’est Le Samouraï. Une figure presque mythologique. Il nous rappelle La mort du loup d’Alfred de Vigny : « seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse. (…) Fais énergiquement ta longue et lourde tâche dans la voie où le Sort a voulu t’appeler, puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. »
Le Samouraï (1967) de Jean-Pierre Melville avec Alain Delon, François Périer, Nathalie Delon, Cathy Rosier…
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